mardi 21 avril 2020

que feras-tu quand tu te rendras compte que ton plan a complètement foiré ?

En fait depuis quelque temps, on a pour sale habitude de faire des blagues de merde à la maison.

Oui c'est à dire que tu vois Gabin, mon père c'était un paysan, alors les blagues sexistes, machistes, lourdes à soit, c'étaient bien ses préférées.
Ses copains lui avaient même fait un dictionnaire des blagues d'Emile.
Genre, dedans, y'en avait une, elle m'a tout le temps fait ouvrir les yeux de grands comme des ballons. Quand il parlait de filles qui avaient plein de mecs, mon père il disait "ho la la celle là, elle tiets mieux sur son dos qu'une chèvre sur ses cornes, hein Léon !"

Alors moi, à chaque fois depuis que je suis petite fille dans mon imaginaire c'est pas une fille sur le dos que je vois, mais une chèvre, sur ses cornes.
Ayez, t'as visualisé la scène ? Avoue que tu trouves ça chelou Gabin, hein ?!
Bon bref, on disait quoi déjà ?
Ha oui ! depuis quelque temps on n'arrête pas de nous dire que la planète suffoque, qu'elle est en train de crever, que la pollution l'asphyxie, tu vois quoi.

Bon ben nous, tu sais en bons descendants d'Emile, on arrête pas de dire :
"Une bonne peste noire là, un bon gros SIDA, ça te lui remettrait les pendules à la bonne heure à notre dame Planète, elle voudrait rigoler tiens !"
"Mais carrément ! un bon vieux virus, le truc que personne ne connait, qui te ferait un ménage mon ami !"
Et qu'on raconte des conneries ... Et qu'on boit des coups à la santé de notre pauvre planète !

Voilà pas qu'un jour, au boulot on nous dit :
"Bon, les gars vous rentrer chez vous, vous bougez plus jusqu'à nouvel ordre, ordre de Président de la République, ! C'est l'bordel, le virus y dégomme plus vite que Schwarzi. On sait pas pour combien de temps on s'en va mais coupez les ordis, le frigo, tout et barrez-vous chez vous ! "

Nous sur le coup on s'est dit que ça allait nous faire une petite pause, tranquille. Une histoire de vieille grippe sortie de derrière les fagots. On en avait vu d'autre hein ! Bon, on avait quand même un peu les miquettes mais vite fait hein !
Ben figure toi que ça fait 37 jours qu'on et chez nous mon pote .
Mais là mon Gabin, ben je me demande comment je vais retourner bosser et regarder droit dans les yeux, ceux qui auront perdu quelqu'un dans le siphon de la grippe là ! J'ai pas prévu de parade à mes blagues de merde et je jure que ce n'était pas un plan pour éliminer 20 000 français, c'était juste une blague de merde ! 

Et là, je pense à toutes ces pauvres chèvres qui ne tiennent vraiment plus sur leurs cornes, les pauvres ! J'espère qu'on trouvera une solution pour elles aussi !


Quelque part en France, le 20 Avril de l'an 20, dans un supermarché, on dit : Merci la Fée !


mercredi 15 avril 2020

Que feras-tu quand tu te rendras compte que ton plan a complètement foiré ?

Merde.

Et re-merde.

Fallait bien que ça tombe sur moi. 

Et puis à ce moment précis !

Pourtant j'avais tout géré, anticipé, prévu, vérifié.

Comme ces voleuses de microfilms, bardées d'appareils sophistiqués, qu'on voit dans les films d'espionnage : l'oreillette, la caméra dans le chignon, le couteau coincé dans les jarretelles parce que, au cas où, tu vois...

Mais bon, parfois, les choses ne se passent pas comme on le voudrait.
On a beau avoir tout organisé, agencé, fait des retro-plannings de malade... Un battement d'ailes de papillon et bim, dans le mur.

Pourtant j'étais certaine de mon coup.
Le plan était parfait.

Midi pile.
La bonne place.
La bonne organisation.
Les bonnes personnes.
Le bon câblage.

Mais non.
J'avais oublié le saucisson en faisant les courses et j'allais devoir manger autre chose pour le télé-apéro des kopines !

C'est nul.

mardi 7 avril 2020

que feras-tu quand tu te rendras compte que ton plan a complètement foiré ?

On avait loué une maison au bord de la mer avec mon frère et ma belle-sœur.

Antoine était venu passer le weekend avec son horrible copine. Enfin quand je dis horrible, j’exagère un peu… Elle était bien gentille Pauline, mais con comme un panier ! Un exemple ? On a fait une partie de Trivial Pursuit, elle a eu comme question « Quel est le nom du petit de l’âne ? » et elle a répondu « Le hanneton ». Tu vois le genre ?

Donc Antoine était venu avec Pauline, mais moi j’en aurais bien fait mon quatre heure d’Antoine. Seulement voilà : comment déclarer ma flamme sous les yeux de la future ex ? Comment déclarer ma flamme tout court d’ailleurs ?...
Le hasard allait bientôt m’offrir une solution.

J’étais en train de lire un roman policier quelconque (je ne sais plus le titre) que j’avais laissé traîner sur le table du salon. Pauline passe par là et me dit : « Il est bien ce livre ? Tu me le prêtes ? ». Je lui réponds que oui, bien sûr. Arrive le dimanche soir, Antoine et Pauline doivent rentrer, et Pauline a oublié de me rendre mon livre, tout va bien !

Quelques jours après, j’envoie un mail à Antoine pour lui dire qu’il fallait que Pauline me rende le livre, que c’était un livre que j’avais emprunté à la bibliothèque et que ça ne pourrait pas attendre la prochaine fois qu’on se verrait (à l’époque, je le voyais une ou deux fois par an). Donc pourrait-il passer me le rendre. Tu le sens venir là, le traquenard ?
Le dimanche suivant, Antoine m’envoie un mail en me disant qu’en faisant un tour de vélo il était passé devant la maison de mes parents et leur avait donné le livre.

Que vais-je faire maintenant que mon plan a complètement foiré ?
Il va falloir passer à la vitesse supérieure !...

jeudi 26 mars 2020

Garde la pêche, Princesse !

4-8-4*2-3

Bip, bip (la porte s'ouvre) 


- Priscilla ?
Sur son tabouret rotatif sans dossier, Priscilla s'apprêtait à passer encore une journée derrière sa caisse.
Toute la journée, derrière sa caisse enregistreuse elle pense à la tenue qu'elle portera pour aller au bal de samedi soir.
2-3*4-8-4
Samedi matin, elle dort un peu plus longtemps cette fois, ce n'est pas son tour de travailler ce samedi. Elle en fait déjà un sur trois, c'est bien assez, parce que quand elle sors de Auchan le samedi soir après 20 h, elle n'a plus qu'une envie, mais certainement pas celle d'aller danser.
Quand elle arrive dans la cuisine de la maison de famille, ses parents sont attablés avec des inconnus. Sa mère pleure, la tête enfouie dans les mains. Son père a le regard loin et vide, encore plus vide que d'habitude, mais il croise les yeux effrayés de Priscilla... Il l'invite à les rejoindre et la présente aux deux hommes assis autour de la table.
- C'est le Prince de Norvège qui les envoie Priscilla. Ils ont un document pour toi. 
Elle peine à comprendre, mais à la troisième lecture elle réalise qu'elle est une des deux victimes d'un drame, survenu 24 ans plutôt.
Trois jours après toute la petite famille regagnait le Danemark.
Mais alors, et Booba, le Duc de Boulogne ? 
Ho ça, c'est une autre histoire ...
"Garde la pêche, Princesse !" lui a-t-il dit quand elle lui a annoncé la nouvelle...

- Oui ok j'arrive c'est bon !

- Priscilla, vous prenez la 13 !

- Oui d'accord chef.


Elle a été embauché au supermarché du coin le jour de ses 18 ans, juste après son bac en techniques de vente.

A Éleu-dit-Leauwette, son village natal, il y avait bien des activités, l'aïkido, le basket, la randonnée*, pourtant depuis son enfance Priscilla n'avait jamais trouvé de passion pour habiter ses mercredi après midi et ses longs weekends de solitude.

Elle partageait pourtant sa vie entre sa grande tribu de 6 frères et sœurs, sa mère acariâtre et son père au regard éteint. Quant à son boulot de caissière, elle y allait plus pour échapper à sa vie de fille de mineur, grise et austère que par passion professionnelle, autant le dire.

Même si son chef, le grand Kevin, lui tapait un peu dans l’œil depuis quelque temps, elle, elle ne se voyait pas trop avec lui.

Kevin, c'est un prénom dont elle se méfiait Priscilla, elle n'avait jamais compris pourquoi mais il y avait des sujets comme ça, les prénoms dignes des séries TV, comme le sien, les beaufs du bal du samedi soir, ou les potins sur Gala, elle se sentait au dessus parfois.

Elle faisait défiler les années, observatrice d'un quotidien soap et  gluant qui puait l'ennui. Elle rêvait bien d'une vie meilleure, mais surtout elle rêvait d'un avenir loin de sa famille, avec un mari ou une femme à son image. Elle s'en foutait, elle ne sait pas vraiment si elle aimait les filles ou les garçons, elle savait juste qu'elle voulait rencontrer l'amour, enfin, celui digne des contes de fées.


Elle se décide pour un short en jean's coupé, porté sur un legging noir finement pailleté. Une chemise blanche un peu large, nouée à la taille, découvrant un marcel ajouré, surement piqué à un de ses frères. Aux pieds des converses blanches usées comme sa jeune vie.

Ça y est elle a choisi.

Fin de journée.



Bip, bip, (la porte se referme.)

Ce samedi là, donc, c'est son samedi chômé, elle traîne un peu au lit, aide sa mère à préparer des tartes pour le dimanche, la grand-mère vient dîner, faut sortir du bœuf bouilli, c'est dimanche après tout, alors un bon poulet, des frites au four et des tartes aux pommes, ça ira bien. 

L'après midi elle rêvasse à sa vie, ses amours. Claudine sa copine de toujours qui la pousse dans les bras du Duc de Boulogne, elle dit qu'il la reluque. Priscilla elle aimerait bien y croire, un duc, ça fait rêver quand même. 

Alors le soir au bal, elle boit un peu, quelques blancs cassés qui donnent juste envie de danser, ça lui fait du bien de danser.

Et le voilà, le Duc de Boulogne, celui que ses copains appelait Booba, il lui tourne autour, il a un déhanché de dingue, toutes les filles du coin bavent devant ses danses, mais c'est Priscilla qu'il emballe en lui racontant qu'il est un héritier du Comte de Boulogne, ses grosses chaines en or laissent penser qu'il dit vrai. Il est si sûr de lui ce Duc, tout ce qu'elle n'est pas. 

Mais elle en a marre d'attendre en regardant défiler sa vie, elle se laisse aller dans les bras de son Duc.

Le lendemain matin, elle se réveille un peu pâteuse, elle n'y croit pas, elle a enfin franchi le pas. Elle va enfin pouvoir partir de là, vivre une vie plus drôle et moins pouilleuse.

Il lui tend la lettre.

Le jour de sa naissance, le Prince du Danemark, de passage avec son épouse près de Éleu-dit-Leauwette, a dû conduire cette dernière à l'hôpital du coin. Enceinte de 8 mois, elle n'a pas supporté le voyage et s'est vue contrainte d'accoucher à Lens, l'hôpital le plus proche de Éleu-dit-Leauwette, là où est née Priscilla.

Ce n'est que depuis quelques jours qu'ils ont appris que leur fille, Margrethe-Josephine, morte d'une overdose deux semaines plus tôt, avait été en réalité échangée à la naissance avec Priscilla. Ce sont les résultats de l'autopsie qui ont déclenché les recherches et permis de découvrir le drame.

Tellement abasourdis par la nouvelle, ils ont envoyé leurs avocats pour proposer à Priscilla de reprendre sa place de fille aînée au royaume du Danemark et de devenir Princesse Priscilla-Josephine. 


**** histoire inspirée par Valentin au temps du Corona*****

La petite princesse

Il disait : « Tu es ma petite princesse », ses grands bras entourés autour de moi. Et moi dans ses yeux je me voyais avec une robe rose à paillettes. Et mon cœur était tout chaud de l’amour contenu dans ses baisers.

Puis le bruit, les cris, le froid. Notre maison sans toit, maman couchée dans la poussière avec une flaque rouge sous la tête.

Puis la fuite, la marche, longtemps, ma main serrée dans sa main.
Puis mouillée serrée terrorisée au fond du bateau avec des dizaines d’autres. Puis les vagues hautes comme des maisons et le bateau retourné. Des bras qui me soutiennent, me jettent sur une plage.

Je ne suis plus la princesse de personne. Je patauge dans la boue de ce camp, seule, affamée. Je n’ai pas revu mon père depuis le bateau. Viendra-t-il me chercher ? Le soir je m’enroule dans cette mince couverture, dans cette tente que je partage avec d’autres enfants, dont la plupart ne parlent pas la même langue que moi, et j’essaie de recréer autour de moi la chaleur rassurante de ces grands bras.

Viendra-t-il me chercher ? Viendra-t-il me chercher ?...

lundi 11 février 2019

La Petite Princesse


 Consigne donnée par Madame de K : Après le Petit Prince, la Petite Princesse...

J’étais dans ma bergerie depuis plusieurs longues semaines maintenant, attendant la fin de la saison d’estive pour redescendre dans la vallée.

Mon troupeau avait bien grossi, les agneaux se portaient bien, mes fromages étaient faits à souhait.

J’allais pouvoir vendre de bons produits sur les marchés. En prime, j’allais pouvoir ajouter à cela la vente des tisanes à base d’herbes de montagne que je cueillais et faisais sécher moi-même, ainsi que les dessins que je griffonnais chaque après-midi.

De quoi acheter un billet de train, histoire de rejoindre les copines en Bretagne et déguster avec elles un délicieux crabe mayo…



J’en étais là de mes pensées quand j’entendis un bêlement derrière moi :

« - Bêêêê alors ? Tu rêêêêves ? »

Croyant à une hallucination auditive, je me retournai. Une agnelle toute blanche me regardait, la tête légèrement penchée sur le côté.

«  - S’il vous plaît, dessine-moi une princesse !

-Hein ?

-Dessine-moi une princesse ! »



Je m’accroupis près d’elle, je frottai bien mes yeux et je me pinçai.

L’agnelle me regardait toujours fixement.

«  - Dessine-moi une princesse, s’il vous plaît… »



Elle avait l’air d’y tenir.

Le manque de sommeil devait jouer sur ma cervelle. Il y avait bien quelques migraines aussi depuis quelques temps, mais jamais d’hallucinations jusqu’à présent. C’était la première fois. Je me promis de consulter après l’estive.



«  - Et qu’est-ce qui te permet de croire que je saurais dessiner une princesse ?

-Bêêêê ce câââlepin qui dépââââsse toujours de ta pôôôche…. »



Je sortis le calepin et je commençai à crayonner une Cendrillon sortant du bal.

« -Mêêê non, elle a beau pêêêrdre sa pantoufle, elle est quand mêêême de vair, je ne veux pas d’une princêêêsse qui tue des animaux pour se vêêêtir ! »



Je chiffonnai la feuille et je recommençai à crayonner…

« -La Petite Sirêêêne… et puis quoi encôôôre ? Tu crois que je rêêêve d’océan ? Je préfêêêre la Montagne ! »



Après un soupir, je déchirai la feuille et me mis à esquisser la Princesse Fiona.

«  - Trop vêêêrte ! »



Je regardai l’exigeante petite agnelle qui rêvait d’une princesse. Je n’allais pas passer la nuit à user mes fusains. Me souvenant des ruses de Saint-Exupéry pour en finir avec les désirs du Petit Prince, je pris une nouvelle feuille.



Agacée, je dessinai un grand lit à baldaquin dont je pris soin de fermer les rideaux.

« - La princesse dort, ne la réveille pas. Tu la verras si tu écartes un peu les pans de tissu !

- Bêêê c’est tout à fait comme çâââ que je la voulais !, me répondit alors l’agnelle. Une Belle au Bois Dormant ! Crois-tu qu’elle voudra du lait pour le petit-déjeuner ? »

par MissTortue

dimanche 30 décembre 2018

Galet (aussi).

Consigne donnée par la Fée : 

Imaginez que vous mettez la main dans votre poche, et que vous en sortez une jolie pierre. Vous ne savez pas du tout comment elle est arrivée là. Maintenant, vous allez imaginer, et donc écrire, un texte à son propos. A quoi ressemble-t-elle ? Quelle taille fait-elle ? Quelle est sa couleur ? Est-elle adoucie par l’eau de mer, un peu coupante, cabossée, brillante ? Et allez plus loin encore : est-elle banale ? Renferme-t-elle un secret ou les traces d’une civilisation passée ? Est-elle magique ? Et si oui, quelle est sa fonction ? Laissez libre cours à votre inventivité…


A vous de jouer !

La cour de l'école se remplit de marmots au moment de la sonnerie... Il y a des jours comme celui-ci où j'aimerais être ailleurs. Si seulement j'avais pu rester sous le chaud de la couette ce matin. Au lieu de ça, je dois poireauter sous la pluie jusqu'à ce que le gong de fin de récré retentisse. 
Oui, sous la pluie. 
Parce que c'est encore préférable d'être trempée que de subir les hurlements stridents des CP sous le préau. C'est que ça possède une amplitude vocale de malade, un CP. Une étendue qui va de l'aigu au très aigu. Un truc qui peut te vriller une oreille de maîtresse pour six mois et t'installer des acouphènes pires qu'après un concert de brutal-death. Du coup, on préfère être mouillé que sourd quand on est enseignant.
Bref, je m'égare.
J'en étais à vouloir être ailleurs.
Oh, et puis ce rhume...
Je fouille dans la poche de mon imper à la recherche d'un mouchoir en papier qui épongera mes microbes morts. C'est comme ça que j'explique aux enfants : " Si votre nez coule, c'est bon signe, c'est votre corps qui élimine les cadavres de virus !" Ils aiment tellement le glamour, les gosses. Au moins autant que moi. C'est ça que je préfère dans mon boulot.

C'est là que je la sens, entre le paquet de mouchoirs et le fond de la poche. Une pierre toute ronde, lisse comme un galet, avec juste quelques stries sur le dessus de la partie la plus bombée. 
J'ai une amie championne du monde pour glisser ses petits galets porte-bonheur dans les poches ou les tiroirs de bureau des copines, elle pense que ça peut aider à éloigner les angoisses et les inquiétudes.
Cela dit, on ne s'est pas vues depuis un moment, donc elle ne peut pas être à l'origine de cette apparition dans ma poche. Et puis globalement, j'ai plutôt les idées roses que noires ces temps-ci, alors elle peut refiler ses petits cailloux à des gens dans le besoin.

Quand je le sors de ma poche, le caillou clandestin m'apparaît d'abord assez banal. Il ressemble à ce que mes doigts avaient deviné. Lisse comme un œuf. Et les stries sont en fait des caractères de l'alphabet runique. 
Au moment où je passe mon pouce sur ces symboles, la pluie redouble. Pourtant, je ne la sens pas. Une sorte de dôme lumineux s'est formé autour de moi. Il m'entoure tel un halo irisé passant par toutes les lumières de l'arc-en-ciel. Je ne suis même pas inquiète tant la sensation de chaleur qui m'entoure est sécurisante. Un vrai cocon. 
Les cris des enfants sont loin, je suis dans du coton, bercée par une musique douce qui semble venir...

[bip bip bip]

...ah ben du radio-réveil en fait. 
Qui vient de déclencher sa deuxième alarme parce que je n'avais pas réagi à la première !

La bonne nouvelle, c'est que je suis encore sous la couette.
La mauvaise, c'est que la récré n'est pas encore passée. Et ce bruit sur le rebord de ma fenêtre m'indique qu'il tombe des cordes ! Je sais maintenant d'où venait mon rêve étrange.

Douche, petit-dej, je glisse ma gamelle dans un sac, je remballe les dernière copies qui traînent sur mon bureau pour boucler mon cartable.
Chaussures, écharpe, manteau,... 
Avant de partir, je vérifie si j'ai des mouchoirs dans ma poche...
La pierre est toujours là.
par MissTortue