mercredi 5 septembre 2018

A...crostiche (2)

Au bord de l'eau
Les bateaux colorés,
Glissades sur les galets,
Une poignée de coquillages en poche,
Et des quantités de beaux
Souvenirs bretons !

MissTortue

Musembo, par Mme de K

Musembo était le nom de ce grand garçon athlétique et rieur qui tirait sa pirogue au sec sur la plage de Batoké au Cameroun. Depuis qu’il était en âge de marcher, ce qu’il aimait par-dessus tout était de se rouler dans les longues vagues qui s’amollissaient sur l’immense plage. Quand il fut en âge de ramener un salaire pour aider sa mère, il alla solliciter tout naturellement la communauté des pêcheurs, qui l’emmenèrent sur leurs pirogues et lui apprirent le métier. C’était un métier dur et exigeant, mais Musembo se sentait dans son élément et il n’avait pas son pareil pour capturer les poissons, ses frères, dans ses filets.


Un jour que Musembo était parti au large avec trois autres pêcheurs sur une grande pirogue élancée, décorée de couleurs vives, il observa avec crainte de gros nuages plombés s’accumuler à l’horizon. À peine eut-il le temps d’échanger quelques regards inquiets avec ses collègues que de grandes bourrasques surgirent de sous ces nuages et coururent à l’assaut de la pirogue. La mer se creusa et le bateau joua au yoyo le long de montagnes d’eau gigantesques. Un coup de vent plus malveillant que les autres mit la pirogue parallèle aux vagues, et une déferlantes plus goulue que les autres entraîna le bateau et tout son contenu vers le fond de la mer.

Musembo sentit que son pied était emmêlé dans un filet, qui lui-même était attaché à la pirogue qui s’enfonçait dans les flots. Il ne se débattit pas, car en plus d’être un grand pêcheur il était un grand philosophe, et il savait que lutter contre les forces de la nature est vain. Il garda les yeux grands ouverts pour remplir ses derniers moments des reflets gris, bleus et verts de sa mer chérie en furie. Et soudain il la vit ! Cette belle dame au corps sombre et luisant, avec un grand sourire et les bras ouverts. Liemba, la déesse de la mer ! Des milliers de perles translucides aux couleurs des vagues étaient accrochées à ses nattes qui flottaient dans le courant. Le bas de son corps était une belle queue de poisson aux écailles diaprées. Des bracelets d’algues s’enroulaient autour de ses bras. 

Musembo n’avait pas peur, il était serein. Il se réfugia entre les bras accueillants de Liemba, posa la tête sur ses seins maternels. Et c’est ainsi que Musembo devint le fils de la déesse de la mer.

lundi 3 septembre 2018

Musembo, par Féekabossée

Zomba et Balmiro

Pour Zomba, très attachée aux enseignements de sa grand'tante, le Ka*, c'est bien cette idée de rejoindre un point de l'univers où son monde matériel croiserait son monde spirituel.
Le Ka pour trouver la paix dans son cœur, pour imaginer que la vie ressemblerait enfin un jour à un monde apaisé, où l'homme cesserait de se détruire et de détruire sa planète.

Depuis qu'elle est toute petite, Zomba se rêve navigatrice.
Elle les a bien vu tous ces maswas* portugais débarquer le long du Nzadi, le grand fleuve où le bruit d'une pierre dans l'eau était plus pur que le chant d'un oiseau. Elle les a bien vu débouler, tels des goélands affamés, pour piller à grand renfort de pioche, les plantations de manioc, de café ou d’arachides de ses ancêtres.
Et seule, elle ne pouvait rien. A part, accumuler au fond de son ventre sa rancœur devant les embarcations de l'envahisseur, mélangée à son rêve de navigation.
Elle a grandit comme ça Zomba, avec le ventre noué. Ce qui lui a aussi permis de se forger un puissant caractère ! Toujours en train de faire régner la sembo*, à reprendre les biens pillés pour les redistribuer ; à combattre ici le mal et là l'oppression. Avec les années, Zomba est devenue une vraie guerrière.
Un jour qu'elle veillait sur les siens, elle observait au loin un des matelots portugais qui agissait contre les ordres donnés plus haut. Au lieu de voler, il nourrissait les abandonnés ; au lieu de fouetter, il caressait les dos esseulés ; au lieu de hurler sur les maltraités, il leur chantonnait des cantiques marins en portugais qui semblaient sonner si doux dans les oreilles des fustigés...
Zomba se dit que le moment était venu de changer le cours des choses, que ce matelot au grand cœur ferait un bon allié si elle savait l'amadouer.
Elle s'approcha et posa délicatement sa main sur l'épaule du matelot pendant qu'il chantonnait, comme un geste de reconnaissance.

- "Merci pour eux" dit Zomba
- "S'il vous plait n'en dites rien, ou ils m'exécuteront" s'affola Balmiro.

C'est en se mettant à l'écart des regards un moment qu'ils se racontèrent l'un à l'autre sans effort, leurs croyances, leurs peurs, leurs vies jusqu'à aujourd'hui. C'est en se racontant aussi qu'ils comprirent qu'ensemble ils pouvaient peut-être faire avancer l'histoire, faire entendre une autre voix !

Depuis ce jour Zomba et Balmiro font route commune. Ils échafaudent des plans incroyables pour redonner du sens à la justice, la sembo et à l'humanité toute entière.
Défendre la veuve et l'orphelin, mais pas seulement, leur ambition était bien plus grande ! Sauver du monde, les pauvres, les malheureux, les abandonnés de la vie, les secondes chances ou les égarés, les poètes et les rêveurs.
Zomba et Balmiro commencent à devenir des gens qu'on écoute, ils sont la goutte d'eau qui façonne les Océans ! Mais Zomba n'oublie pas son rêve de navigation sur les mers du monde, même si ce rêve prend un autre sens désormais. Elle rêve de naviguer pour aller à la rencontre de l'autre, pour partager les idées d'humanité déployées avec Balmiro.
Balmiro de son côté, cherche un moyen d'avouer à Zomba que ses émotions ont elles aussi évolué, mais sa peur de la perdre est plus grande. Dans son cœur elle est devenue sa muse et il doit lui en faire part avant d'en mourir. 
Un jour enfin, il a une idée. Il se souvient que dans la soute de son ancien navire endormi, il y a un joli petit bateau à 2 voiles, un bateau jadis pillé par les portugais. Il décide d'aller le voler une fois encore mais cette fois pour l'offrir à sa muse et atteindre enfin sa lunga*.
Il offrit le maswa à la jeune femme en lui demandant de bien vouloir l'emmener avec elle. Bien sur elle acquiesça et tout à son bonheur de navigation, comprit à son tour à quel point elle était attachée à Balmiro.

Les amoureux donnèrent un nom à l'embarcation, MUSEMBO, la muse de la justice.
Et c’est ainsi que le petit bateau prit la mer, pour naviguer et porter haut l'envie d’humanité à travers les peuples du monde !

Le Télégramme, dans un article d’août 2018, relate que le MUSEMBO vit toujours. Oh certes, il attend quelques menues réparations, mais il reprendra la mer dans quelques mois, barré par un certain Dédé.  On raconte dans l'Aber Benoit que c’est aussi un fervent défenseur des causes honorables, la sauvegarde de la planète, de la mer et du crabe ainsi que des notes de flûte à bec, en Ré majeur !
Il sera surveillé de près par une certaine Dame de Ka, représentante évidente de son essence vitale, elle est comme ce point de l'univers où le monde matériel croise le monde spirituel.

Longue vie au Musembo !
Longue vie aux rêves de matelot !



Féekabossée. Le 3/09/2018.

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* Lingala : Langue Bantoue parlée en République du Congo
* Ka : l'essence vitale en lingala
* Maswa : le bateau en lingala
* Sembo : la justice en lingala
* Lunga : accomplissement, concrétisation en lingala

dimanche 2 septembre 2018

Musembo par MissTortue


 Consigne : Rédiger une nouvelle qui inclut le nom "Musembo". (Consigne de Monsieur de K pour les Kopines ! )

C’est Emilie qui avait eu l’idée.



Elle avait secoué le plumeau noir qui lui servait de chevelure, tout en jonglant avec ses baguettes, et leur avait annoncé qu’elle avait trouvé un nom « d’enfer » pour le groupe.

Salim l’avait regardée d’un air blasé. Il se souvenait qu’elle leur avait suggéré aussi de porter des « Rangeos » violettes sur scène.  Du violet ! Et pourquoi pas du rose, tant qu’elle y était ! Alors il craignait un peu que le « nom d’enfer » lui colle un mal de crâne aussi douloureux que les ampoules qu’il avait à chaque talon, depuis une semaine, à cause des fameux godillots violets.



« - Je te rappelle qu’on joue du Death Metal, pas de la pop acidulée hein… Tu t’en souviens ? »



La demoiselle l’avait regardé d’un œil pétillant avec un sourire en coin dévoilant une canine allongée artificiellement par les bons soins de Muriel, leur bassiste, prothésiste dentaire dans le civil, qui s’était aussi affublée du même appendice. Ça leur donnait des airs de « Draculas de pacotille », selon les termes de Boris, qui n’avait pas validé beaucoup plus que Salim, l’idée des Rangers violettes.



Les répétitions se passaient bien, leurs morceaux commençaient à bien tourner mais les idées un peu trop exubérantes des deux filles de la section rythmique laissaient les deux guitaristes dubitatifs la plupart du temps. Cependant, ils admettaient qu’elles avaient une vivacité de jeu et une précision qui servaient parfaitement le « gros son dégoulinant » qu’ils prenaient plaisir à jouer ensemble.

Et même s’ils considéraient que les accessoires vestimentaires n’étaient pas d’une grande utilité, ils avaient fini par se plier aux arguments des deux diablesses… ne serait-ce que pour avoir la paix !



«  - Je vous jure les gars, c’est classe, ça fait nom de déesse méphitique !

- Oui ben c’est bon, arrête les mystères et envoie la trouvaille !

- « Musembo »

- Et tu nous sors ça d’où ?, questionna Muriel.

- Muriel, Salim, Emilie, Boris… Musembo ! Vous en dites quoi ? Ça claque, non ? Un truc un peu dans le genre sorcière vaudou, vous ne trouvez pas ?

- Je dois admettre que j’aime assez !, dit Boris

- De toutes façons, on n’a pas autre chose à proposer ! Ça fait trois mois qu’on cherche un nom… et faut bien qu’on écrive quelque chose sur l’affiche pour le concert de la semaine prochaine !, argumenta Salim

- Alors OK. Bon, on reprend la répète au lieu de discuter ? Faut qu’on revoie le refrain de « cats’ viscera » et je n’ai toujours pas d’idée pour le solo de « Kill the Worms with spoons » ! », ponctua Boris.